Les années 1930 représentent un tournant dans l’histoire de l’Europe occidentale. Face à une crise profonde qui touche tous les champs de la société, des hommes jeunes se réunissent autour d’Alexandre Marc et Arnaud Dandieu sur les problèmes de la société de leur temps.
Il s’agit d’abolir le « désordre établi » et d’accorder dans le respect de la diversité, contre les dictatures de droite et de gauche, contre l’État monstre froid, contre le matérialisme capitaliste et marxiste, sa juste place à l’Homme libre. Ces impératifs spirituels globaux sont assortis de desseins pratiques fondés sur la méthodologie dichotomique, proche de la doctrine proudhonienne. Ainsi, se réclamant du fédéralisme personnaliste ils proposent l’organisation en communautés – non hiérarchisées et fédérées – au niveau privé et public et une réorganisation socio-économique en vue de l’abolition de la condition prolétarienne.
« L’Ordre Nouveau » met en évidence le rôle essentiel de la personne, fondement de toute valeur. Au même titre que le groupe d’ « Esprit », ces non-conformistes sont à l’origine du personnalisme, base de la révolution spirituelle qu’ils réclament.
La relecture de cette collection d’articles non seulement nous permet de mieux comprendre l’histoire, mais éclaire l’actualité d’une lumière différente. Le vide idéologique et la crise profonde que traversent nos sociétés ne sont pas des phénomènes nouveaux : de 1933 à 1938 des jeunes gens, venus d’horizons divers, les ont ressentis et ont essayé d’y remédier. Parmi eux : les catholiques Daniel-Rops et Paul Flamand, le maurassien Jean Jardin, l’ouvrier anarchiste Pierre Prévost, le mathématicien Claude Chevalley, le futur académicien Robert Aron, et le pionnier de l’idée fédérale Denis de Rougemont.